Fongicides pommes de terre Combattre le mildiou sans mancozèbe
Après plusieurs années en retrait, le marché des antimildiou pommes de terre a atteint des records en 2021. Il s’agissait aussi de la dernière campagne d’utilisation du mancozèbe.
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L’année 2021 a été marquée par une très forte pression mildiou. « Après plusieurs années plutôt sèches, l’été humide que nous avons eu a obligé les agriculteurs à une protection très poussée en 2021 », souligne François Sénéchal, de Syngenta. Les surfaces déployées sont passées de 1,95 million d’hectares en 2020, à près de 3 Mha en 2021, et le nombre moyen de passages de 9,2 à 12,6. Le nombre de produits par passage augmente aussi sensiblement, de 1,06 à 1,18. « Le marché a été encore plus élevé qu’en 2016, la dernière grosse année à mildiou », constate Anne Giroud, de Philagro. « La dépense des agriculteurs à l’hectare a fortement augmenté », précise Mylène Striebel, de Bayer. Elle est passée en moyenne de 242 €/ha en 2020 à 363 €/ha en 2021.
Les cartes rebattues
Avec l’année 2021, une page dans l’histoire de la protection contre le mildiou des pommes de terre se tourne aussi. « Il s’agissait de la dernière année d’utilisation du mancozèbe », note Mylène Striebel. Bien qu’en recul depuis trois ou quatre ans, les spécialités à base de mancozèbe sont restées en troisième position des produits utilisés en 2021. Tous produits confondus, le mancozèbe est passé de 600 000 ha en 2019 à 400 000 ha en 2020 et 270 000 ha en 2021 et, en gros, un tiers des produits sur le marché en comprenait. Il va falloir désormais combattre le mildiou sans mancozèbe, ce qui va entraîner une redistribution des cartes, surtout en début de campagne. « L’intérêt du mancozèbe contre l’alternaria n’était pas non plus négligeable, remarque Vincent Billon, de BASF. C’est une maladie qu’il va maintenant falloir davantage prendre en compte dans les programmes. »
La question de la montée en puissance des résistances constitue aussi une préoccupation. « Il faut aussi être vigilant quant à l’évolution des souches de mildiou », prévient François Sénéchal. Une préoccupation que partage Arvalis dans ses préconisations à l’issue de la campagne 2021.
RanmanTop toujours en tête
En ce qui concerne les spécialités commerciales, Ranman Top, dont les ventes ont doublé entre 2020 et 2021 à plus de 630 000 ha, est de loin le premier produit utilisé, devant le Rêvus. À noter également que l’utilisation des spécialités contenant du cymoxanil a fait un bond à 620 000 ha, soit 21 % des surfaces déployées, contre seulement 6,8 % l’année précédente. « Ce qui s’explique par l’intérêt de l’effet curatif qu’apporte le cymoxanil sur mildiou déclaré et les très fortes pressions du champignon en 2021 », reconnaît Bertrand Boulet, de Belchim.
Après le lancement du Zorvec en 2020, la campagne 2022 va être marquée par l’arrivée d’une véritable innovation, avec l’homologation de Pygmalion chez De Sangosse, le premier produit de biocontrôle autorisé contre le mildiou des pommes de terre.
Côté entreprises, Belchim Crop Protection est toujours leader sur le marché des fongicides pommes de terre en végétation, avec une part de marché qui est passée de 23,2 % en 2020 à 38 % en 2021. Il est suivi par Syngenta, 18 %, Corteva, 11,5 %, et UPL, 10 %. Viennent ensuite Bayer, qui progresse à 7,5 %, BASF, Gowan, 4,5 %, FMC, 2,6 % Philagro, 2,5 % et Adama, 2,3 %.
Blandine Cailliez
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